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Photo du rédacteurMarie Simonsen

Le Deuil dans le Trauma : Un Chemin Non Linéaire vers la Guérison

Le deuil est un processus profond et souvent chaotique, profondément personnel et non linéaire. Il surgit des changements que nous n’avons jamais désirés : le chagrin d’une rupture, la finalité d’un divorce, la douleur d’un décès ou la violation d’une agression. Le deuil ne porte pas seulement sur ce que nous avons perdu, mais aussi sur ce que nous n’avons jamais eu : un parent aimant, une enfance sécurisée, ou les soins et la sécurité que nous méritions mais qui nous ont été refusés.

Bien que tout deuil ne découle pas d’un trauma, tout trauma porte un élément de deuil. Le trauma implique intrinsèquement une perte : la perte de l’innocence, de la santé, de la sécurité ou de la stabilité. C’est le choc de l’inattendu, la vie que nous imaginions s’évanouissant sous nos yeux.

Dans l’enfance, beaucoup d’entre nous apprennent à enfiler une armure métaphorique pour se protéger de la douleur émotionnelle. Cette armure, essentielle à notre survie à l’époque, devient rigide avec le temps, se transformant en barrière à la joie et à la connexion. Les mécanismes d’adaptation sur lesquels nous nous appuyions autrefois—nous couper de nos émotions, surinvestir dans le travail, nous auto-médicamenter—peuvent nous aider à éviter des émotions difficiles, mais bloquent également le deuil nécessaire à la guérison.

Nos expériences de vie précoces façonnent la manière dont nous affrontons les défis par la suite. Un enfant moqué à l’école, ou un enfant ayant des parents émotionnellement absents, devient un adulte qui aborde les épreuves à travers le prisme de ces blessures fondatrices. Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est ; nous le voyons tel que nous sommes.

Nous ne pouvons affronter ce que nous ne pouvons ressentir. Souvent, ce que nous craignons le plus s’est déjà produit. Par exemple, si l’abandon nous terrifie, c’est probablement parce que nous l’avons déjà vécu. Cette peur s’ancre dans notre identité, influençant nos comportements et décisions. Inconsciemment, nous pouvons recréer des scénarios de rejet, espérant qu’ils se dérouleront différemment cette fois. Pourtant, ces schémas auto-réalisateurs nous laissent souvent dans le rôle de victimes, perpétuant d’anciennes blessures au lieu de les guérir.

La guérison commence lorsque nous nous permettons de voir le deuil enfoui dans le trauma. C’est un voyage de reconquête de notre pouvoir et de redécouverte de qui nous sommes réellement. Pour beaucoup, cela implique de reconnaître un focus de toute une vie sur les besoins des autres, tout en négligeant les leurs. Ce processus demande d’apprendre à reconnaître nos sentiments, identifier nos désirs et effectuer des changements intentionnels pour briser l’emprise du trauma.

La véritable guérison survient lorsque l’événement traumatique ne dicte plus nos décisions ni ne définit nos vies. Ce n’est pas facile, car le trauma obscurcit souvent notre sens de nous-mêmes. Mais le deuil et le trauma, aussi douloureux soient-ils, offrent un cadeau : une invitation à affronter et à libérer ce que nous avons autrefois enfoui pour survivre. Ils nous mettent au défi de traiter l’inachevé, de guérir ce qui reste à guérir, et de finalement nous réapproprier nous-mêmes.

 



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